Dans l’émission « Le Débat », l’économiste Babacar Gaye a livré son point de vue sur le Plan de Redressement économique et social récemment annoncé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Il a commencé son intervention en remerciant le Président de la République ainsi que le Premier ministre pour les changements de paradigme engagés.
Babacar Gaye a ensuite replacé le plan dans son contexte, en s’appuyant sur le projet Sénégal 2050, structuré autour de trois axes : le redressement, l’impulsion et l’accélération. Selon lui, le gouvernement aurait pu choisir de traiter ce plan en interne sans l’exposer au public, mais la démarche de transparence du Premier ministre est une bonne chose qui témoigne d’une volonté nouvelle en la matière dans ce régime.
L’économiste a par ailleurs souhaité apporter des précisions face aux malentendus circulant sur les réseaux sociaux. Il a notamment souligné une confusion fréquente entre le plan de redressement et un plan d’ajustement structurel. « Nous tenons à rectifier cela pour deux raisons : d’abord, la durée, car un plan d’ajustement structurel est généralement un programme à long terme, tandis que le plan de redressement vise le court terme », a-t-il précisé.
Babacar Gaye a mis en garde contre une interprétation excessive du plan, rappelant que ce dernier ne doit pas être considéré comme un substitut à la stratégie nationale de développement. Il a par ailleurs critiqué la forme en soulignant que le terme « plan » est souvent utilisé pour signifier un nettoyage, ce qui, selon lui, ne reflète pas nécessairement le fond du dossier. Sur ce point, il estime que le contenu du plan mérite encore des améliorations.
Sur la nature même du plan, Babacar Gaye a rejoint certains de ses interlocuteurs présents dans l’émission. Le ministre Moussa Balla Fofana a insisté sur l’aspect principalement économique du dispositif, tandis que le banquier et docteur en droit Mouhamadou Madane Kane a relevé des incohérences formelles, estimant que le plan ne comporte pas de mesures claires de redressement économique. À ce propos, Babacar Gaye a expliqué qu’il s’agissait avant tout d’un plan de redressement économique et social conjoncturel, bien que ses ambitions soient orientées vers des éléments structurels.
Un point particulièrement important à ses yeux est le mode de financement envisagé, qui repose à hauteur de 90% sur des ressources endogènes, hors endettement, ce qu’il qualifie d’« ambitieux et audacieux ». Selon lui, la demande de ressources endogènes implique nécessairement l’existence préalable d’une économie fonctionnelle. C’est pourquoi il comprend les interrogations de Mouhamadou Kane, qui souligne l’absence apparente d’un plan de relance économique complémentaire.
Au final, Babacar Gaye appelle à une vigilance sur la cohérence et l’efficacité du plan, tout en reconnaissant que cette initiative s’inscrit dans une volonté nouvelle de transparence et de renouveau économique.
