Nommé le 24 juillet 2024, trois mois après sa prise de fonction à la tête de l’Université du sine Saloum El Ibrahima Niass (USSEIN) de Kaolack, Jean Birame Gning, nouveau directeur général, a tenu ce mardi un point de presse pour dresser un diagnostic de la situation de l’université.
Lors de son intervention, le directeur général a présenté un état des lieux structuré autour de trois axes principaux : les ressources humaines, les finances et les perspectives d’avenir, notamment un plan d’action à mettre en œuvre.
Révélations surprenantes sur la gestion passée
Le directeur général a fait des révélations troublantes concernant la gestion de l’établissement sous l’ancien directeur général du Centre Régional des Œuvres Universitaires du Sine Saloum(CROUS), Ousseynou Diop. Selon Jean Birame Gning, “715 agents permanents ont été recrutés, un chiffre qui double celui de l’université de Saint-Louis, alors que cette dernière compte un nombre d’étudiants bien supérieur à celui de l’USSEIN.”
Concernant les recrutements, le directeur a ajouté : 1 199 agents non permanents ont été embauchés alors que l’université ne compte que 982 étudiants. Cela signifie que le personnel est plus nombreux que les étudiants résidant dans les logements universitaires. De plus, plus de 50 % de ces agents n’ont ni diplôme ni qualification. À cela s’ajoutent des anomalies telles que 60 chauffeurs pour seulement trois véhicules, 206 agents de sécurité pour 30 sites à sécuriser, et 380 agents d’entretien affectés aux toilettes des résidences universitaires.”
Conséquences financières graves
Face à de telles dérives, l’université se trouve confrontée à une crise financière sans précédent. Jean Birame Gning a souligné que “la masse salariale en janvier 2024 s’élevait à 173 millions de francs CFA par mois pour les CDI et à 347 millions de francs CFA par mois en avril et mai, dépassant largement les capacités de l’institution.”
Il a également révélé que la masse salariale annuelle, qui devrait être d’environ 2 milliards de francs CFA, atteint en réalité 6 milliards, bien au-delà des subventions accordées par l’État. “Nous recevons moins que ce que nous dépensons”, a-t-il déploré.
Un endettement insoutenable
En conséquence, l’université fait face à un niveau d’endettement critique : “Les résidences universitaires ne sont presque plus payées (un seul trimestre en deux ans), les prestataires sont impayés, et les partenaires non réglés,” a annoncé le directeur général.
Mesures correctives
Pour remédier à cette situation, Jean Birame Gning a pris plusieurs décisions drastiques, parmi lesquelles l’arrêt immédiat des charges de missions et des contrats des conseillers techniques, la cessation des prestataires, permettant ainsi d’économiser 114 598 000 francs CFA par mois. Il a également mis fin aux CDI pour les maires et autres personnels non essentiels, redéployé ou remercié des agents, et cessé de payer ceux qui ne travaillaient pas.
Perspectives
En termes de perspectives, le directeur général envisage la digitalisation complète du système universitaire afin de mieux rationaliser les ressources. Il souhaite également renforcer les partenariats pour une collaboration plus constructive et lancer des projets favorisant une meilleure interaction entre les étudiants et la communauté.