Depuis plusieurs jours, les universités sénégalaises sont secouées par des mouvements de grève des étudiants. Ces derniers réclament leur paiement des bourses du cycle Master. Ces bourses ne constituent pas un privilège: elles sont un acquis social, un instrument d’équité et un pilier indispensable de la réussite académique. Leur non-paiement plonge des milliers d’étudiants dans la précarité et menace leur avenir, l’avenir de notre pays.
Il est clairement établi, que dans notre contexte, la bourse, au-delà de son aspect financier, a une dimension sociale forte : elle est un outil d’égalité sociale, un pont entre les familles modestes et la réussite académique.
Elle représente la seule garantie pour un étudiant issu des zones rurales, des banlieues défavorisées ou des milieux précaires, de poursuivre ses études sans sombrer dans la misère ou l’abandon. L’actuel Président de la République en est l’exemple typique.
Cette bourse n’est pas une aumône. Elle n’est pas un luxe. Elle n’est pas un caprice. Elle vient récompenser un riche cursus scolaire des ayants droit. De nombreuses générations d’étudiants se sont battues pour que cet acquis soit préservé (ou mieux encore, amélioré). Malheureusement, au cours de cette lutte, beaucoup de nos camarades y ont injustement laissé la vie. Qu’Allah ait pitié de leurs âmes !
Au-delà des motifs évoqués par ici et là pour justifier la grève (ou encore le défaut de paiement), il est fort regrettable qu’en 2025, à l’Assemblée nationale, qu’on puisse assister à un spectacle, indigne de l’institution, à travers les prises de paroles inconscientes et déconnectées des députés de la majorité sur la question de la bourse.
Ainsi il existe un écart grandissant entre ceux qui sont censés être les représentants du peuple et la réalité vécue par les étudiants. Pendant que ces derniers affrontent les difficultés quotidiennes : loyer, transport, restauration, fournitures ou intrants pédagogiques, survie, etc.. ; certains de ces politiques bien à l’abri derrière leurs privilèges (salaires exorbitants, indemnités, des voitures de luxe à plusieurs dizaines de millions, etc..) se permettent de remettre en question l’existence même de ces bourses. Quelle bêtise ! Quelle indécence !
Le comportement des forces de l’ordre gazant et matraquant des étudiants, réveille chez nous de douloureux souvenirs. Nous fustigeons toute utilisation abusive de la force et appelons à la responsabilité des forces de l’ordre. La décision du rectorat d’autoriser l’entrée des forces de l’ordre au sein du campus social est une surenchère inutile et provocatrice.
On peut réformer un pays par les infrastructures, mais on ne le développe réellement que par son école, par ses universités, par la valeur ajoutée de ses étudiants.
Un État qui néglige son enseignement supérieur se condamne à rester à la traîne.
Le soir du 24 mars 2024, un vent d’espoir a soufflé partout au Sénégal mais particulièrement dans le milieu estudiantin. Des étudiants, qui majoritairement ont porté le « projet » du tandem Diomaye-Sonko au pouvoir, au prix de lourds sacrifices (fermeture injuste des universités, lynchages, tortures, emprisonnements, et pire encore, certains ont payé de leurs vies, etc…).
Dès le début de leur exercice du pouvoir, le gouvernement actuel a montré une obsession pour la bourse des étudiants. Elle est perçue comme une charge, une dépense excessive où l’État peut faire des économies. Cette vision ultra-libérale de la gestion de nos universités est en parfaite contradiction avec l’idéologie souverainiste et altermondialiste revendiquée par le parti au pouvoir, le PASTEF.
Nous sommes contre cette approche.
Nous considérons la bourse comme un investissement (et le plus sûr d’ailleurs) sur le capital humain, un levier permettant l’accès à l’éducation et à l’égalité des chances.
La seule exigence que l’état doit avoir par rapport à la bourse des étudiants est de la payer entièrement et régulièrement. Nous invitons l’état à instaurer un dialogue sincère avec les étudiants et à explorer tous les moyens et voies nécessaires pour régler définitivement cette question. La rigidité budgétaire affichée jusqu’ici risque d’être un frein a tout compromis. Ce problème mérite une profonde sensibilité.
On ne développe pas un pays en affaiblissant ses universités.
On ne construit pas l’avenir en humiliant sa jeunesse. Si l’éducation coute cher alors essayons l’ignorance…
Par Fallou NGOM ancien président de l’amicale des étudiants FMPO/UCAD Docteur Abdoul Aziz NDOYE FMPO/UCAD