La tentative d’évasion dans la prison de Makala à Kinshasa est loin de connaître son épilogue. Le directeur de l’établissement pénitentiaire a été démis de ses fonctions ce jeudi (05.09.2024).
Joseph Yusufu Maliki, puisqu’il s’agit de lui, aurait déclaré mercredi, être malade pour justifier son absence à la prison de Makala le jour du drame. D’autres sources affirment cependant, qu’il aurait déjà quitté le territoire.
Sans attendre, le Ministre de la Justice, Constant Mutamba, a mis fin aux fonctions du désormais ancien directeur de l’établissement pénitentiaire de Makala. Il a ensuite émis un avis de recherche officiel à son encontre.
Ce jeudi, la Première Ministre Congolaise, Judith Suminwa, s’est rendue à la prison centrale pour s’enquérir de l’ampleur des dégâts, tout comme le Ministre de la justice qui dit avoir entamé ses propres investigations dans cette affaire où 129 détenus ont péri dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024.
Selon les autorités Congolaises, sur les 129 victimes, 24 ont été touchées par balles. Les autres seraient mortes de bousculades, d’étouffements et de viols perpétrés sur certaines femmes.
Revenant sur les circonstances de cette tentative d’évasion, le Ministre de la justice Mutamba, indique que la version officielle donnée par le gouvernement est en porte-à-faux avec la réalité. D’après lui, il s’agit plutôt d’un sabotage pour le mettre à mal avec la population. Afin d’anéantir tous ses efforts déployés pour désengorger cette prison.
La prison de Makala accueille près de Quinze Mille (15000) détenus pour une capacité de Mille Cinq Cent (1500) places. Soit 10 fois plus que sa capacité normale, entrainant ainsi des conditions de détention désastreuse pour les prisonniers.
En juillet dernier, le journaliste Stanis Bujakera, qui y a séjourné pour des faits de diffamation, avant d’être libéré au mois de mars passé, dénonçait les conditions précaires au sein de la prison. À travers des vidéos réalisées durant son incarcération, l’ancien pensionnaire de la prison de Makala avait tenté d’alerter l’opinion de la situation.
Malgré ses dénonciations, le journaliste n’avait pas été écouté par les autorités. C’est pourquoi aujourd’hui, il dit ne pas être surpris de ce qui s’est passé. Pour lui, ce qui est arrivé était prévisible. Affirmant que tous les ingrédients étaient réunis pour qu’on assiste à un véritable cocktail explosif. Ceci à cause de la promiscuité des détenus, l’insécurité permanente, le non-respect des délais judiciaires, la piètre qualité de la nourriture servie aux détenus ou encore la violation flagrante des droits de l’homme entre autres. Ce sont là autant d’éléments combinés qui peuvent inévitablement provoquer des troubles dans les prisons, indique-t-il.
Depuis cette tentative d’évasion, le quartier où se situe la prison est complètement bouclé par la police. Vivants dans la crainte, les habitants plaident pour le renforcement de la sécurité dans leur zone. Certains vont jusqu’à demander aux autorités de déplacer la prison qu’ils jugent trop proche des populations.
Pour l’heure, les suspensions et arrestations se poursuivent dans le cadre de l’enquête.
(Lesnouvellesdafrique)