Dans une démarche à la fois respectueuse et ferme, Maître El Hadji Omar YOUM, éminent avocat et figure du barreau sénégalais, a adressé une série de questions critiques au Procureur général près la Cour d’appel de Dakar.
Cette réaction fait suite à la conférence de presse tenue par ce dernier le 17 avril 2025, au cours de laquelle il a évoqué l’état de certaines procédures judiciaires impliquant des citoyens sénégalais, dont d’anciens ministres.
Maître YOUM reconnaît d’emblée l’effort de transparence du parquet, tout en soulignant que l’exercice a laissé « plus de trous noirs que de clarifications ». Il encourage néanmoins cette initiative, tout en plaidant pour une réforme plus audacieuse de l’article 11 du Code de procédure pénale (CPP), afin d’élargir la liberté d’expression du parquet et des avocats.
Cependant, l’avocat exprime de vives préoccupations quant aux implications juridiques et éthiques des récentes actions du Procureur général. Me Youm adresse cinq questions au Procureur Général de la cour d’appel de Dakar, Mbacké Fall, appelant à des réponses claires pour une « information objective du peuple ».
Selon lui, le Procureur général a évoqué lors de sa conférence de presse des poursuites potentielles contre d’anciens ministres dans le cadre de l’audit des fonds Covid-19.
En effet, Maître YOUM affirme avoir scruté le rapport de la Cour des comptes sans y trouver « un seul mot, une seule phrase ou même une allusion » incriminant ces ministres. Il lance un défi public à quiconque de prouver le contraire.
L’avocat rappelle que, conformément à la loi organique du 22 février 2002, les ministres en exercice relèvent de la Haute Cour de Justice, et non des juridictions ordinaires. Il demande donc sur quelle base légale le Procureur général fonde sa compétence pour engager des poursuites.
Enfin, Maître YOUM interpelle le magistrat sur son serment et sa foi, lui demandant de jurer « sur le Coran qu’il psalmodie souvent » n’avoir reçu aucune instruction politique dans ce dossier. Il dénonce une possible « machination » visant à ternir l’image de l’ancien président Macky SALL, dont la gouvernance a, selon lui, « transformé le Sénégal ».
Avant de solliciter des réponses, Maître YOUM invite le Procureur général à méditer sur des versets coraniques (Sourate Al-Anam, versets 2, 3 et 57 ; Sourate Az-Zumar, verset 46), rappelant que « le jugement appartient à Dieu seul » et que toute action doit être guidée par la vérité et la justice.
Me El Hadji Omar Youm / LeTourQuotidien