Analyse de Daouda Mané sur l’échec des inter-coalitions

Des élections législatives du dimanche dernier qui se sont soldées par la razzia de la liste Pastef, on peut tirer plusieurs enseignements dont l’échec des inter-coalitions. Formées pour contrer Pastef, elles ont toutes connu un échec cuisant. Pourtant, elles avaient suscité de l’espoir chez les leaders et militants des partis concernés. Des alliances qualifiées de « nécessaires » par certains militants, notamment ceux de « Takku Wallu », « Jàmm ak Njariñ » et « Samm Sa Kaddu », lors de la formation de leur intercoalition (la plus grande pour barrer la route à Pastef dans plusieurs localités du pays), trois jours avant la fin de la campagne électorale.

Toutefois, ces alliances étaient bien parties pour échouer pour trois raisons principales. D’abord, elles sont des alliances contre nature. En effet, qui pouvait imaginer une alliance entre la coalition menée par Amadou Ba et celle dirigée par Macky Sall et Me Abdoulaye Wade ou Karim Wade après tout ce qui s’est passé lors de la présidentielle dernière ? Quoique l’on puisse dire, leur relation s’est si mal terminée que certains ont parlé de ressentiment entre les deux premiers cités. En fait, des partisans d’Amadou Ba avaient ouvertement accusé le Président Macky Sall de n’avoir pas soutenu son ancien Premier ministre, affirmant même que l’ancien Président l’a « sacrifié pour soutenir Pastef ».

Quant au Parti démocratique sénégalais, il avait accusé Amadou Ba de « corruption » pour empêcher son candidat, Karim Wade, de se présenter à l’élection présidentielle. Une alliance entre de tels partis ne pouvait, en réalité, que dérouter davantage les électeurs qui ne sont pas arrivés à se retrouver malgré le travail des « tik tokeurs » de leur inter-coalition. Mieux, jamais on n’a vu ces leaders mener une campagne ensemble. Ensuite, le temps très court entre la déclaration du chef de l’État et la tenue des législatives n’avait certes pas permis à ces coalitions de bien se préparer, alors que les tractations, les renoncements, les retraits volontaires nécessitent du temps et des discussions approfondies. Dès lors, les inter-coalitions ne pouvaient pas systématiquement bien fonctionner.

Enfin, il est évident qu’au niveau du discours, les leaders de ces coalitions n’ont pas vraiment eu le temps de se préparer. Ils étaient, pour la plupart, dans une posture de riposte, oubliant de présenter leurs programmes aux citoyens. Finalement, la stratégie du leader du Pastef, Ousmane Sonko, consistant à les attaquer individuellement, a fini par les désorienter.

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